Jean Kruys

Je voudrais évoquer le souvenir de mon Père Jean KRUYS dit« Roger » arrêté le 01 août 1944 à l’âge de 23 ans.

Il rentrait chez lui, à Laeken, ramenant un cadeau de mariage. Il était en compagnie de son petit frère René KRUYS – toujours en vie actuellement, alors âgé de 7 ans.

Une Citroën noire, bien caractéristique de l’époque, a fait irruption à leur hauteur et 2 hommes en civil vêtus de manteau de cuir noir et chapeau sur la tête – il s’agissait de la Geheime Polizei – l’ont embarqué et l’ont conduit à la sinistre adresse de l’avenue Louise.

Il y est resté plusieurs jours pour y être durement interrogé sur ses activités; il était porteur de faux papiers, réfractaire au STO, faisait partie de la Résistance – Milices patriotiques faisant partie du Front de !’Indépendance – et diffusait de la presse clandestine.

Le 09 août 1944, il a été transféré avenue de la Couronne pour faire partie d’un convoi parti de la gare d’Etterbeek le 12 août 1944 vers l’Allemagne.

Il a été interné au Lager Ede la Reimahg où il a été affecté au Revier – infirmerie – en tant que Sanitater.

Les prisonniers ont dû construire eux-mêmes leur baraquement et n’ont reçu aucun vêtement dans un premier temps; c’est donc dans les vêtements qu’ils portaient lors de leur arrestation que les prisonniers ont passé une partie de leur captivité.

Mon père ne m’a livré que peu d’informations sur cette période … comme tous ceux qui ont été dans les camps. A son décès, ce sont des documents qui m’étaient inconnus qui m’ont incitée à vouloir en savoir plus.

J’ai eu la chance de pouvoir rencontrer trois anciens codétenus : Paul Durieux, Jacques Daems et Jean Perissinotto. C’est avec infiniment de reconnaissance, d’humilité, de respect et de tendresse que j’évoque, ici, leur nom. Je me souviens de nos échanges poignants et de détails précis qu’ils m’ont livrés au sujet de leur captivité commune et plus particulièrement sur l’attitude et les agissements de mon père durant cette période. Il a été libéré en avril 1945 et soigné par l’Armée américaine à l’hôpital d’Erfurt car il avait contracté le typhus, avait subi de nombreux sévices et avait été, comme tous, sous­alimenté. C’est en juin 1945, qu’il a pu rejoindre la Belgique. Il a épousé ma mère le 25 juillet 1945 … avec un peu moins d’un an de retard!

Les propos de ses compagnons d’infortune ont jeté un éclairage différent sur sa personnalité; je crois qu’il a été profondément marqué par la dureté de ces mois de captivité. Il m’est souvent arrivé de ne pas comprendre pourquoi ce papa avait tant de mal à être joyeux, optimiste, tendre, …

Suite à de nombreuses recherches faites sur internet, j’ai fait la connaissance de Patrick Brion et de son Association; celui-ci m’a permis d’approfondir mes connaissances sur le sujet. Je lui suis profondément reconnaissante pour son travail historique et de passeur de mémoire.

Arlette Kruys

You can help ensure that the people and the names of the victims are not forgotten. Share this website, also individual posts in the social media. Many Thanks!